Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/110

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Il portait à peu près le même costume que son compagnon ; seulement le chapeau, sali par la pluie, et les couleurs du zarape mangées par le soleil témoignaient d’un long usage.

Ainsi que le premier personnage que nous avons décrit, il était bien armé.

On reconnaissait facilement, au premier coup d’œil, que ces deux hommes n’appartenaient pas à la race hispano-américaine.

Du reste, leur conversation aurait levé immédiatement tous les doutes à cet égard : ils parlaient entre eux le français usité au Canada.

— Hum ! fit le premier en prenant son gobelet qu’il porta nonchalamment à ses lèvres, tout bien réfléchi, Harry, je crois que nous ferons mieux de remonter à cheval et de repartir que de rester plus longtemps dans ce bouge infect, au milieu de ces gachupines qui coassent comme des grenouilles avant l’orage.

— Le diable emporte votre impatience ! répondit le second d’un ton de mauvaise humeur, ne pouvez-vous un instant rester en repos ?

— Vous appelez cela un instant, Harry ! voilà au moins une heure que nous sommes ici.

— Pardieu ! je vous trouve charmant, Dick, reprit l’autre en riant ; pensez-vous que les affaires se font ainsi au pied levé ?

— En résumé, de quoi s’agit-il ? car je veux que le diable me torde le cou ou qu’un ours gris me serre la gorge si je m’en doute le moins du monde. Depuis cinq ans nous chassons et nous dormons côte à côte ; nous sommes venus ensemble du Canada jusqu’ici ; j’ai pris, je ne sais trop pourquoi ni comment, l’habi-