Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La vieille femme se nommait Betsi, la jeune fille, Ellen ; l’aîné des garçons, Nathan ; le second, Sutter, le dernier, Schaw.

Cette famille avait construit une hutte dans la forêt, à quelques milles del Paso, et vivait seule au désert sans avoir établi de rapports soit avec les habitants du village, soit avec les trappeurs et les coureurs des bois, ses voisins.

Les allures mystérieuses de ces gens inconnus avaient donné prise à bien des commentaires, mais tous étaient restés sans réponse et sans solution, et après deux ans ils étaient aussi inconnus que le premier jour de leur arrivée.

Cependant de lugubres et tristes histoires circulaient sourdement sur leur compte ; ils inspiraient une haine instinctive et une terreur involontaire aux Mexicains ; l’on se disait à voix basse que le vieux Cèdre-Rouge et ses trois fils n’étaient rien moins que des chasseurs de chevelures, c’est-à-dire, dans l’estime publique, des gens placés au-dessous des pirates des prairies, cette race d’oiseaux de proie immonde que chacun redoute et méprise.

L’entrée du Cèdre-Rouge fut significative pour lui ; les hommes peu scrupuleux cependant, qui peuplaient la venta, s’écartèrent brusquement à son approche et lui livrèrent passage avec un empressement mêlé de dégoût.

Le vieux partisan traversa la salle, la tête haute, un sourire de mépris hautain plissa ses lèvres minces à la vue de l’effet que produisait sa présence, et il s’approcha du moine et de ses deux compagnons.

Arrivé près d’eux, il posa lourdement la crosse de son rifle sur le sol, appuya les deux mains croisées