Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/137

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Il était tard lorsqu’il sortit pour regagner l’hacienda de la Noria, mais il était content de sa soirée et s’applaudissait intérieurement de la riche collection de bandits, hommes de sac et de corde, qu’il avait recrutés.

Les moines forment une caste privilégiée au Mexique ; ils peuvent à toute heure de la nuit aller où bon leur semble sans avoir rien à redouter des nombreux gentilshommes de grand chemin disséminés sur toutes les routes ; leur habit inspire un respect qui les garantit de toute insulte et les préserve mieux que quoi que ce soit des mauvaises rencontres.

D’ailleurs, Fray Ambrosio, le lecteur s’en est aperçu sans doute déjà, n’était pas homme à négliger les précautions indispensables dans un pays où, sur dix individus qu’on trouve sur son chemin, on peut hardiment affirmer qu’il y a neuf coquins, le dixième offrant seul quelque doute.

Le digne chapelain portait sous sa robe une paire de pistolets doubles, dûment chargés et amorcés, et dans sa manche droite il cachait une longue navaja tranchante comme un rasoir et acérée comme une aiguille.

Sans s’inquiéter de la solitude qui régnait autour de lui, le moine monta sur sa mule et se dirigea tranquillement vers l’hacienda de la Noria.

Il était environ onze heures du soir.

Quelques mots sur Fray Ambrosio, tandis qu’il chemine paisiblement dans l’étroit sentier qui doit en deux heures le conduire à sa destination, feront connaître toute la perversité de cet homme, appelé à jouer un rôle malheureusement trop important dans le cours de ce récit.