Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/153

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— Je le veux.

— Soit, répondit le moine avec effort, je le ferai : mais souviens-toi, démon, que, si quelque jour je te tiens entre mes mains, comme aujourd’hui je suis entre les tiennes, je serai sans pitié et je te ferai payer tout ce que je souffre en ce moment.

— Tu auras raison, c’est ton droit ; seulement je doute que jamais tu puisses m’atteindre.

— Peut-être !

— Qui vivra verra ; en attendant, c’est moi aujourd’hui qui suis le maître, je compte sur ton obéissance.

— J’obéirai.

— C’est convenu. Maintenant, autre chose : combien as-tu recruté d’hommes ce soir ?

— Vingt environ.

— C’est peu ; mais avec les soixante que je te fournirai, nous aurons une troupe assez respectable pour en imposer aux Indiens.

— Dieu le veuille !

— Soyez tranquille, mon maître, fit le squatter en reprenant l’accent amical qu’il avait au début de la conversation, je m’engage à vous conduire tout droit à votre placer ; je n’ai pas vécu dix ans avec les Indiens sans être au fait de toutes leurs ruses.

— Enfin, répondit le moine en se levant, vous savez, Cèdre-Rouge, ce qui est entendu entre nous ; le placer nous appartiendra par moitié. Il est donc de votre intérêt de nous y faire arriver sans encombre.

— Nous y arriverons ; maintenant que nous n’avons plus rien à nous dire, que nous sommes d’accord sur tous les points, car nous sommes d’accord sur tous les points… n’est-ce pas ? fit-il avec intention.

— Sur tous, oui.