deux fois. Vos ennemis seront effrayés de votre audace, abasourdis de cette levée de boucliers à laquelle, maintenant surtout, ils sont loin de s’attendre, car ils se figurent tenir entre leurs mains tous les fils de la conspiration, erreur qui les fait ajouter foi aux délation d’un espion vulgaire, et qui les perdra si vous manœuvrez avec adresse, avec promptitude surtout. Tout dépend du premier choc : il faut qu’il soit terrible et les terrifie ; sans cela, vous êtes perdus.
— Tout cela est vrai ; mais le temps nous manque, observa le général Ibañez.
— Le temps ne manque jamais quand on sait bien l’employer, répondit péremptoirement Valentin ; je vous le répète, il faut prévenir vos adversaires.
En ce moment, un bruit de pas retentit sous les voûtes de la caverne.
Le plus grand silence régna instantanément dans la salle où se trouvaient les cinq conjurés.
Machinalement chacun chercha ses armes.
Les pas se rapprochèrent rapidement, un homme parut à l’entrée de la salle.
À sa vue, les assistants poussèrent un cri de joie et se levèrent en s’écriant avec respect : « Le père Séraphin ! »
Cet homme s’avança en souriant, salua gracieusement, et répondit d’une voix douce et mélodieuse dont le timbre sonore et pur avait un accent qui allait à l’âme :
— Reprenez place, messieurs, je vous en prie, je serais désespéré de vous causer un dérangement quelconque. Permettez-moi seulement de me reposer quelques instants à vos côtés.
On se hâta de lui faire place.