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Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/167

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L’abnégation et le dévouement de ces hommes modestes, mais si grands par le cœur, sont trop dédaignés et trop inconnus en France, où pourtant se recrute le plus grand nombre de ces martyrs ; leurs sacrifices passent inaperçus, car, grâce à la fausse connaissance que l’on a des pays d’outre-mer, on est loin de se douter des luttes continuelles qu’ils ont à soutenir contre un climat mortel aux Européens d’une part, et à leurs prosélytes d’une autre.

Et qui le croirait ? les plus acharnés adversaires qu’ils rencontrent dans l’accomplissement de leur mission ne se trouvent pas parmi les Indiens, qui presque toujours les accueillent sinon avec joie du moins avec respect, mais, bien au contraire, parmi les hommes auxquels leurs travaux profitent et qui devraient les aider et les protéger de tout leur pouvoir.

Il n’est sorte de vexation et d’humiliation que leur fassent endurer les agents mexicains ou des États de l’Union américaine, pour tâcher de les dégoûter et de les contraindre à abandonner l’arène où ils combattent si noblement.

Et à ce propos, nous observerons en passant qu’il n’existe peut-être pas de peuple au monde aussi intolérant que les Nord-Américains, c’est aux catholiques surtout qu’ils en veulent ; ils les persécutent de toutes les façons, bassement, lâchement, suivant leur coutume ; car lorsqu’ils se trouvent, comme cela arrive souvent, en face d’hommes qui ne sont pas d’humeur à laisser impunément insulter et rabaisser en eux la nation à laquelle ils tiennent à honneur d’appartenir, alors ces Américains si farouches deviennent plats et lâches autant qu’ils s’étaient d’abord montrés brutaux et insolents.