Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/23

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Ils avaient sans doute l’intention de bivaquer une partie de la nuit en cet endroit.

Dès que les flammes du bûcher montèrent joyeusement vers le ciel en longues spirales, les deux inconnus sortirent de leurs gibecières des tortillas de maïs, quelques camotes cuites à l’eau et une gourde de pulque ; ces divers comestibles furent par eux complaisamment étalés sur l’herbe, et les trois hommes commencèrent un repas de chasseur.

Lorsque la gourde eut circulé plusieurs fois, que les tortillas eurent disparu, les nouveaux venus allumèrent leur pipe indienne, et le Mexicain tordit un papelito.

Bien que ce repas eût été court, il dura cependant assez longtemps pour que la nuit fût complétement tombée avant qu’il fût terminé.

Une obscurité complète planait sur la clairière, les reflets rougeâtres de la flamme du foyer se jouaient sur les visages énergiques des trois hommes et leur donnaient une apparence fantastique.

— Maintenant, dit le Mexicain après avoir allumé sa cigarette, je vais, si vous me le permettez, vous expliquer pourquoi j’avais si grande hâte de vous voir.

— Un instant encore, répondit un des chasseurs ; vous savez que dans les déserts les feuilles ont souvent des yeux et les arbres des oreilles ; si d’après ce que vous m’avez laissé entrevoir je ne me trompe pas, vous nous avez donné rendez-vous ici afin que notre entrevue fût secrète.

— En effet, j’ai le plus grand intérêt à ce que rien de ce qui se dira ici ne soit entendu ou seulement soupçonné.

— Fort bien, Curumilla ; allez.