Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/230

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traire, fait preuve de tact, de prudence et de talent en réussissant à tramer une conspiration, qui, depuis des années qu’elle se préparait, n’avait encore rencontré qu’un traître.

Et puis maintenant il était trop tard pour reculer ; l’éveil était donné, le gouvernement sur ses gardes ; il fallait marcher en avant quand même, dût-on succomber dans la lutte.

Toutes ces considérations avaient été mûrement pesées par don Miguel ; ce n’avait été que poussé dans ses derniers retranchements, convaincu qu’il n’existait pas pour lui de faux-fuyants ou d’attermoiement possible, qu’il avait donné le signal.

Ne valait-il pas mieux mille fois tomber bravement les armes à la main en soutenant une cause juste qu’attendre d’être arrêté sans avoir essayé de réussir ?

Don Miguel avait fait le sacrifice de sa vie ; on ne pouvait lui en demander davantage !

Cependant les conjurés avançaient toujours ; ils étaient presque parvenus au centre de la ville ; ils se trouvaient en ce moment dans une petite rue sale et étroite, nommée calle de San Isidro, qui aboutit à la place Mayor, lorsque tout à coup une lumière éblouissante éclaira les ténèbres ; des torches brillèrent à toutes les fenêtres, subitement ouvertes, et don Miguel s’aperçut que les deux bouts de la rue dans laquelle il se trouvait étaient gardés par de forts détachements de cavalerie.

— Trahison ! s’écrièrent les conjurés avec terreur.

Curumilla bondit sur Face-de-Chien et lui enfonça son couteau entre les deux épaules.

Le sang-mêlé tomba comme une masse, foudroyé, sans pousser un cri.