Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/271

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il appartient au Rayon-de-Soleil. Il y a deux jours, les guerriers de ma tribu sont partis pour une grande chasse aux bisons, les femmes seules restèrent au village. Pendant que je dormais dans ma hutte, quatre voleurs apaches, profitant de mon sommeil, se sont emparés de moi et de mon enfant, et m’ont remise entre les mains de la fille de Stanapat. Tu aimes ton mari, me dit-elle en ricanant, tu souffres sans doute d’être séparée de lui ; sois heureuse, je vais t’envoyer à lui par le chemin le plus court. Il chasse dans les prairies au bas de la rivière, dans deux heures tu seras dans ses bras, à moins, ajouta-t-elle en riant, que les caïmans ne t’arrêtent en route. Les femmes comanches méprisent la mort, lui répondis-je ; pour un cheveu que tu m’arracheras, l’Unicorne prendra les scalps de toute ta tribu, agis à ta guise ; et je détournai la tête, résolue à ne plus lui répondre. Elle m’attacha elle-même sur la poutre, le visage dirigé vers le ciel, afin, me dit-elle, que je pusse reconnaître mon chemin, puis elle me lança dans le fleuve en me criant : L’Unicorne est un lapin poltron que les femmes apaches méprisent ; voilà comment je me venge ! J’ai dit à mon frère le chasseur pâle les choses telles qu’elles se sont passées.

— Ma sœur est une ciuatl (femme courageuse), répondit Valentin ; elle est digne d’être la tecihuauch (épouse) d’un chef renommé.

La jeune mère sourit en embrassant son enfant, qu’elle présenta, par un mouvement plein de charme, au chasseur, qui lui mit un baiser sur le front.

En ce moment le chant du mawkawis se fit entendre à peu de distance.

Les deux chasseurs levèrent la tête avec étonnement et cherchèrent autour d’eux.