Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/287

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Cette fois son cri était plus fort, partant plus rapproché.

Valentin porta ses doigts à sa bouche et imita le cri bref et strident de l’oncelot, à deux reprises différentes, et cela avec une perfection telle que don Pablo tressaillit malgré lui et chercha du regard la bête fauve dont il croyait déjà voir étinceler les yeux derrière un buisson.

Presque aussitôt le cri du walkon recommença une troisième fois.

Valentin posa la crosse de son rifle à terre.

— Bon, dit-il. Ne soyez pas inquiet, don Pablo, Curumilla a retrouvé le père Séraphin.

Le jeune homme le regarda avec étonnement.

Le chasseur sourit.

— Vous allez les voir arriver tous les deux, dit-il.

— Mais comment savez-vous ?

— Enfant, interrompit Valentin, dans le désert la voix humaine est plutôt nuisible qu’utile. Le chant des oiseaux, le cri des bêtes fauves nous servent de langage.

— Oui, répondit naïvement le jeune homme, c’est vrai ; j’avais entendu dire cela plusieurs fois, mais j’ignorais qu’il vous fût aussi facile de vous comprendre.

— Ceci n’est rien, fit le chasseur avec bonhomie ; vous en verrez bien d’autres, si vous passez seulement un mois en notre compagnie.

Au bout de quelques instants un bruit de pas se fit entendre, faible d’abord, mais peu à peu plus rapproché, et deux ombres se dessinèrent vaguement dans la nuit.

— Hé ! cria Valentin en épaulant son rifle qu’il arma, êtes-vous amis ou ennemis ?