Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/29

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Emprisonné dans le réseau de ses vastes frontières, se faisant un droit de la force, il déplace continuellement les limites de ses voisins et empiète sans relâche sur des terrains dont il n’a que faire.

Journellement des compagnies d’émigrants abandonnent leurs demeures et, le rifle sur l’épaule, la hache à la main, elles se dirigent vers le Sud comme poussées par une volonté plus forte qu’elles, sans que les montagnes, les déserts, les forêts vierges ou les larges fleuves soient assez puissants pour les contraindre à faire halte quelques instants.

Les Américains du Nord se figurent, en général, qu’ils sont les instruments de la Providence, chargés par les décrets du Tout-Puissant de peupler et de civiliser le nouveau monde.

C’est avec une impatience fébrile qu’ils comptent les heures qui doivent encore s’écouler jusqu’au jour, prochain dans leur pensée, où leur race et leur système gouvernemental occuperont tout l’espace compris entre le cap Nord et l’isthme de Panama, à l’exclusion des républiqiies espagnoles d’un côté et des colonies anglaises de l’autre.

Ces projets, dont les Américains du Nord ne font nullement mystère, mais dont, au contraire, ils se vantent hautement, sont parfaitement connus des Mexicains, lesquels détestent cordialement leurs voisins et emploient tous les moyens en leur pouvoir pour leur créer des difficultés et mettre des entraves à leurs invasions successives.

Au nombre des propriétaires du Nouveau-Mexique qui se résolurent à faire de grands sacrifices afin d’arrêter ou du moins de retarder l’invasion imminente du Nord-Amérique, il y en avait un le plus riche et