Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/325

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Il ne cherchait pas à analyser ses sensations, cela aurait été impossible, et pourtant parfois il était en proie à des rages froides et terribles, en songeant que cette fière jeune fille, qui ignorait jusqu’à son existence, n’avait probablement pour lui, si elle le connaissait, que dédain et mépris.

Il se laissait ainsi aller à ces idées navrantes, lorsqu’il sentit tout à coup une main se poser sur son épaule.

Il se retourna.

Ellen était devant lui, droite et immobile, semblable dans la nuit à ces blanches apparitions des légendes allemandes.

Le jeune homme releva la tête et fixa sur sa sœur un regard interrogateur.

— Vous ne dormez pas ? Ellen, lui dit-il.

— Non, répondit-elle de sa voix douce comme un chant d’oiseau. Frère, mon cœur est triste.

— Qu’avez-vous, Ellen ? Pourquoi ne pas prendre quelques heures d’un repos qui vous est si nécessaire ?

— Mon cœur est triste, vous dis-je, frère, reprit-elle ; c’est en vain que je cherche le soleil, il fuit loin de moi.

— Ma sœur, confiez-moi le sujet de vos peines ; peut-être pourrai-je calmer le chagrin qui vous dévore ?

— N’avez-vous pas deviné ce qui me tourmente, mon frère ?

— Je ne vous comprends pas.

Elle lui lança un regard qui, malgré lui, lui fit baisser les yeux.

— Vous me comprenez trop, au contraire, Schaw|,