Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/328

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m’inquiète ; peut-être s’occupe-t-il en ce moment de procurer à sa prisonnière un refuge plus assuré.

— Votre idée est excellente, ma sœur ; qui sait s’il ne sera pas trop tard pour ravir au vieux cette proie qu’il convoite !

— Quand comptez-vous partir ?

— De suite, je n’ai pas un instant à perdre ; si le vieux revenait, je serais obligé de rester ici ; mais qui veillera pendant que mes frères dorment ?

— Moi, répondit résolûment la jeune fille.

— D’où vient l’intérêt que vous portez à cette femme, ma sœur, vous qui ne la connaissez pas ? demanda le jeune homme avec étonnement.

— Elle est femme et malheureuse ; ces raisons ne sont-elles pas suffisantes ?

— Peut-être, fit Schaw avec défiance.

— Enfant, murmura Ellen, ne trouvez-vous donc pas dans votre cœur la raison de ma conduite envers cette étrangère ?

Le jeune sauvage tressaillit à cette parole.

— C’est vrai ! s’écria-t-il avec force ; pardonnez-moi, sœur, je suis un fou, mais je vous aime, et vous me connaissez mieux que je ne me connais moi-même.

Et se levant brusquement, il embrassa la jeune fille, jeta son rifle sur son épaule, et s’élança en courant dans la direction de Santa-Fé.

Lorsqu’il eut disparu dans les ténèbres et que le bruit de ses pas se fut éteint dans l’éloignement, la jeune fille se laissa tomber sur le sol en murmurant d’une voix basse et en hochant tristement la tête :

— Réussira-t-il ?