Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/345

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Sur un signe de lui, Andrès Garote sortit.

Schaw était, pendant les quelques paroles échangées entre ces deux hommes, resté immobile, hésitant, ne sachant ce qu’il devait faire ; mais il prit subitement son parti, jeta son rifle sur l’épaule, et se tournant vers le missionnaire :

— Père, dit-il respectueusement, ma présence est désormais inutile ici ; adieu, mon départ vous prouvera la pureté de mes intentions.

Et, tournant brusquement sur lui-même, il sortit à grands pas du rancho.

Quelques instants après le départ du squatter, le gambusino entra ; la jeune fille le suivait.

Doña Clara ne portait plus le costume des blancs ; le Cèdre-Rouge, afin de la rendre méconnaissable, l’avait obligée à se couvrir du vêtement indien, que la jeune fille portait avec une grâce innée qui en relevait l’élégance étrange.

Comme toutes les femmes indiennes, elle était vêtue de deux larges chemises de calicot rayé ; l’une, serrée au cou, tombait jusqu’aux hanches, tandis que l’autre, attachée à la ceinture, lui descendait jusqu’aux chevilles. Son cou était orné de colliers de perles fines entremêlées de ces petits coquillages nommés wampum qui servent de monnaie aux Indiens ; ses bras et ses chevilles étaient entourés de larges cercles d’or, et un petit diadème de même métal rehaussait le ton mat de son front ; des mocksens de peau de daim, brodés de laine et de perles de toutes couleurs, emprisonnaient ses pieds nerveux et finement cambrés.

À son entrée dans la salle, un nuage de tristesse et de mélancolie répandu sur son visage ajoutait, s’il est possible, un attrait de plus à sa personne.