Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/358

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’autorisait à ne pas s’aventurer à la légère et à agir, au contraire, avec la plus grande prudence.

Seulement, dès que le bivouac fut établi, les sentinelles placées, le colonel fit partir une dizaine d’hommes résolus sous la conduite d’un alferez, afin de battre les environs et de tâcher de se procurer un guide.

Nous ferons observer en passant que, dans l’Amérique espagnole, dès que l’on s’éloigne un peu des capitales telles que Mexico, Lima, etc., les routes, ainsi que nous les comprenons en Europe, n’existent plus ; on ne trouve que des sentes tracées, pour la plupart, par les pieds des bêtes fauves, et qui se mêlent et s’enchevêtrent si bien les unes dans les autres, qu’à moins d’en avoir une longue habitude, il est littéralement impossible de s’y reconnaître.

Les Espagnols avaient, à la vérité, tracé de larges et belles routes ; mais depuis la guerre de l’Indépendance elles ont été coupées, détériorées et si bien abandonnées par l’incurie des gouvernements éphémères qui se sont succédé au Mexique, qu’à l’exception des grandes voies de communication de l’intérieur de la république, les autres ont disparu sous l’herbe.

La petite escouade de soldats commandée pour battre la campagne s’était éloignée au galop.

Bientôt elle ralentit le pas, et les soldats et l’officier qui les guidaient commencèrent à causer et à rire, sans souci de la mission importante dont ils étaient chargés.

La lune se levait à l’horizon, déversant sur la terre ses rayons argentés qui éclairaient les objets de lueurs fantastiques. Ainsi que nous l’avons dit, il faisait une de ces belles nuits du désert américain pleines de senteurs étranges ; un silence majestueux planait sur