Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/379

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bout d’un instant en promenant du moine au gambusino un regard soupçonneux.

— Une chose bien simple, répondit Fray Ambrosio avec un accent de vérité inimaginable ; il y a deux heures environ, votre fils Schaw est arrivé ici.

— Schaw ! s’écria le squatter.

— Oui, le plus jeune de vos enfants ; c’est ainsi qu’il se nomme, je crois, n’est-ce pas ?

— Oui, continuez.

— Fort bien. Il s’est donc présenté à nous comme venant de votre part pour enlever la prisonnière.

— Lui ?

— Oui.

— Et qu’avez-vous fait ? fit le squatter avec impatience.

— Que pouvions-nous faire ?

— Eh ! by God ! vous opposer au départ de la jeune fille.

— Caspita ! croyez-vous donc que nous l’avons laissée aller ainsi ? répondit imperturbablement le moine.

Le squatter le regarda avec étonnement, il ne comprenait plus du tout. Comme tous les hommes d’action, la discussion lui était presque impossible, surtout avec un adversaire aussi retors que celui qu’il avait devant lui. Trompé par l’aplomb du moine et la franchise apparente de ses réponses, il voulut en finir.

— Voyons, dit-il : comment tout cela s’est-il terminé ?

— Grâce à un auxiliaire arrivé à votre fils, et devant lequel nous avons été contraints de nous courber.

— Un auxiliaire ! Quel peut être l’homme assez hardi pour oser…