Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/399

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crime, et que Dieu est avec moi comme avec tous les hommes qui se sont réellement voués au bien sans arrière-pensée.

L’inconnu prononça ces paroles avec une telle franchise et un tel accent de conviction, son visage eut un rayonnement si plein de loyauté que le missionnaire se sentit convaincu ; il saisit vivement son crucifix et, le présentant à cet homme extraordinaire :

— Jurez, lui dit-il.

— Je le jure, répondit-il d’une voix ferme.

— Bien, répondit le prêtre ; maintenant vous pouvez entrer, monsieur, vous êtes des nôtres ; je ne vous ferai même pas l’injure de vous demander votre nom.

— Mon nom ne vous apprendrait rien, mon père, répondit tristement l’inconnu.

— Suivez-moi, monsieur.

Le missionnaire ferma la porte et introduisit l’étranger dans le charto qui lui servait de logement.

En entrant l’inconnu se découvrit avec respect, se plaça pleinement dans un angle de la chambre et ne bougea plus.

— Ne vous occupez pas de moi, mon père, dit-il à voix basse, et ayez toute confiance dans le serment que je vous ai fait.

Le missionnaire ne répondit que par une inclination de tête.

Le blessé ne donnait pas signe de vie, il gisait blême et inerte dans la position dans laquelle on l’avait placé sur le lit.

Le père Séraphin s’approcha de lui.

Alors, avec cette intelligence et cette douceur que possèdent seuls ces hommes qui, par une abnégation sublime, se sont voués au soulagement de l’hu-