Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/401

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— Nous ne courons donc aucun risque en tentant sur lui le remède suprême que je vais essayer.

— En effet.

— Autorisez-moi donc à agir.

— Faites, monsieur, et puisse Dieu couronner vos efforts !

— De lui seul dépend le succès de cette expérience.

L’inconnu se pencha sur le jeune homme et le considéra un instant avec une fixité extrême, puis il sortit de sa poitrine un flacon de cristal ciselé plein d’une liqueur verte comme l’émeraude.

Avec la pointe de son poignard il entr’ouvrit les mâchoires serrées du blessé et versa dans sa bouche quatre ou cinq gouttes de la liqueur contenue dans le flacon.

Alors il se passa une chose étrange.

Le jeune homme poussa un profond soupir, ouvrit les yeux à plusieurs reprises, et, subitement, comme enlevé par une force surhumaine, il se dressa sur son séant en promenant autour de lui des regards étonnés.

Don Pablo et le missionnaire n’étaient pas loin de croire à un prodige, tant le fait qui se passait devant eux leur semblait extraordinaire.

L’inconnu s’était replacé dans l’ombre.

Tout à coup le jeune homme passa sa main sur son front pâle et murmura d’une voix sourde :

— Ellen, ma sœur ; il est trop tard, je ne puis la sauver ! Vois, vois, ils l’enlèvent ; elle est perdue !…

Et il retomba sur le cadre.

Les trois hommes se précipitèrent vers lui.

— Il dort, s’écria le missionnaire avec étonnement.

— Il est sauvé, répondit l’inconnu.

— Mais, fit don Pablo avec inquiétude, qu’a donc voulu dire cet homme ?