Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/431

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Cependant la nouvelle de la délivrance de don Miguel s’était répandue dans la ville avec la rapidité d’une traînée de poudre.

Les habitants, rassurés par la contenance des Comanches et sachant qu’ils n’étaient venus que pour sauver celui au sort duquel la population tout entière s’intéressait, s’étaient enhardis peu à peu à sortir de leurs maisons et avaient fini par envahir les rues et les places qui étaient littéralement remplies de monde ; les fenêtres et les toits regorgeaient d’hommes, de femmes et d’enfants dont les yeux fixés sur la prison attendaient avec anxiété que don Miguel sortît.

Lorsqu’il parut, une immense acclamation l’accueillit.

L’Unicorne s’avança vers le gouverneur :

— Mon père a rempli sa promesse, dit-il gravement, je remplis la mienne : les prisonniers blancs sont libres, je me retire.

Le gouverneur avait écouté ces paroles en rougissant et en ne sachant quelle contenance tenir.

Le sachem s’était remis à la tête de son détachement de guerre qui s’éloignait rapidement aux applaudissements de la foule ivre de bonheur.

Cependant don Miguel, intrigué par la scène qui venait de se passer devant lui, et qui commençait à soupçonner un mystère dans la conduite du gouverneur, se tourna vers lui afin de lui demander l’explication des paroles du chef indien, explication à laquelle échappa heureusement le gouverneur, grâce à l’empressement des habitants, qui, de tous les côtés, se jetaient sur le passage des prisonniers, afin de les féliciter.

Arrivés à la porte du cabildo, le général Ventura