Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/53

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voix mélodieuse dont les sons harmonieux résonnèrent amoureusement aux oreilles de don Pablo ; pourquoi voulez-vous tuer cet étranger ?

Les trois squatters, surpris par cette apparition à laquelle ils étaient loin de s’attendre, reculèrent de quelques pas.

Don Pablo profita de cette trêve pour se relever vivement et rentrer en possession de ses armes tombées auprès de lui.

— N’est-ce donc pas assez déjà, continua la jeune fille, de voler cet homme, sans chercher encore à lui arracher la vie ? Fi ! mes frères ! ne savez-vous pas que le sang laisse sur les mains de celui qui le verse des taches que rien ne peut effacer ? Laissez cet homme s’éloigner paisiblement.

Les jeunes gens hésitèrent ; bien que subissant malgré eux l’influence de leur sœur, ils étaient honteux de souscrire ainsi à ses désirs ; pourtant ils n’osaient exprimer leur pensée et lançaient à leur ennemi, qui les attendait de pied ferme, un pistolet de chaque main, des regards chargés de haine et de colère.

— Ellen a raison, dit soudain le plus jeune des frères ; non, je ne veux pas que l’on fasse quoi que ce soit à l’étranger.

Les autres lui jetèrent un regard farouche.

— Tu le défendrais au besoin, n’est-ce pas, Schaw ? lui dit Nathan avec ironie.

— Pourquoi ne le ferais-je pas, si cela était nécessaire ? répondit résolument le jeune homme.

— Eh ! fit en ricanant Sutter, il pense à l’églantine des bois.

À peine cette parole était-elle prononcée que Schaw, le visage pourpre, les traits contractés et les yeux