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Ces gens étaient des Indiens Coras, chasseurs et agriculteurs, appartenant à la tribu de la Tortue.

Ces pauvres Indiens vivaient là en paix avec leurs voisins, sous la protection des lois mexicaines.

Gens paisibles et inoffensifs, jamais, depuis près de vingt ans qu’ils étaient venus s’établir à cette place, ils n’avaient donné un sujet de plainte à leurs voisins, qui, au contraire, se félicitaient de les voir prospérer à cause de leurs mœurs douces et hospitalières. Bien que soumis au Mexique, ils se gouvernaient entre eux, à leur manière, obéissant à leurs Caciques et réglant dans l’assemblée de leurs anciens toutes les difficultés qui s’élevaient dans leur village.

La nuit où nous avons vu les squatters abandonner leur hutte après s’être déguisés, une vingtaine d’individus, armés jusqu’aux dents et vêtus de costumes bizarres, le visage noirci afin de se rendre méconnaissables, étaient campés à environ deux lieues de la rancheria, dans une plaine au bord de la rivière.

Assis ou couchés autour de grands feux, ils buvaient, riaient, se disputaient ou jouaient avec force cris et jurons ; deux hommes assis à l’écart, au pied d’un énorme cactus, causaient à voix basse en fumant leurs papillos de maïs.

Ces deux hommes, dont nous avons déjà parlé au lecteur, étaient, l’un, Fray Ambrosio, le chapelain de l’hacienda de la Noria ; l’autre, Andrès Garote, le chasseur.

Andrès Garote était un grand gaillard long et maigre, à la face blême, cauteleuse et sournoise, qui se drapait avec prétention dans des guenilles sordides, mais dont les armes étaient parfaitement en état.