Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/67

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armé d’un soc de charrue dont il se servait avec une force et une adresse extrêmes, assommait tous les assaillants qui s’approchaient à portée de son arme terrible.

Cet homme était le Cacique des Coras. À ses pieds gisaient, éventrés, sa mère, sa femme et ses deux enfants ; le malheureux luttait avec l’énergie du désespoir ; il avait fait le sacrifice de sa vie, mais il voulait la vendre le plus cher possible.

Vainement les Rangers avaient tiré sur lui, le Cacique semblait invulnérable ; de toutes les balles dirigées contre sa personne, aucune ne l’avait atteint.

Il combattait toujours, sans que le poids de son arme parût fatiguer son bras.

Les Rangers s’excitaient les uns les autres à en finir avec lui, pourtant aucun n’osait l’approcher.

Mais ce combat de géants ne pouvait durer longtemps encore ; des vingt compagnons qu’il avait auprès de lui en commençant la lutte, le Cacique n’en voyait plus que deux ou trois debout, les autres étaient morts.

11 fallait en finir. Le cercle qui enveloppait le valeureux Indien se resserrait de plus en plus ; désormais ce n’était plus pour lui qu’une question de temps.

Les Rangers, reconnaissant l’impossibilité de vaincre cet homme au cœur de lion, avaient changé de tactique.

Ils ne l’attaquaient plus, ils se contentaient de former autour de lui un cercle infranchissable, attendant prudemment, pour s’élancer sur cette proie qui ne pouvait leur échapper, que ses forces fussent totalement épuisées.