Page:Aimard - Le Grand Chef des Aucas, 1889.djvu/405

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sur la pente de la montagne et disparurent en poussant des cris de frayeur et de détresse,

Joan était sauvé.

Il regarda autour de lui afin de reconnaître ceux auxquels il devait la vie.

Valentin, Louis et les deux chefs indiens étaient à ses côtés.

César finissait d’étrangler un Aucas qui se débattait encore dans les dernières convulsions de l’agonie.

C’étaient les quatre amis qui de loin surveillant le camp des Araucans, avaient été témoins de la fuite désespérée de Joan et étaient venus bravement à son secours, juste lorsqu’il croyait n’avoir plus qu’à mourir.

— Eh ! notre ami, lui dit en riant Valentin, vous l’avez échappée belle, hein ? un peu plus vous étiez repris.

— Merci, dit Joan avec effusion, je ne compte plus avec vous !

— Je crois que nous ferons bien de nous mettre en sûreté, observa Louis, les Araucans ne sont pas hommes à se laisser battre sans chercher à prendre leur revanche.

— Don Luis a raison, appuya Trangoil Lanec, il faut partir sans retard.

Les cinq hommes s’enfoncèrent dans la montagne.

Ils avaient tort de tant redouter une attaque.

Antinahuel, sur les rapports exagérés que les guerriers échappés aux rifles des Français lui firent du nombre d’ennemis qu’ils avaient eu à combattre, se persuada que cette position était occupée par un fort détachement de l’armée chilienne ; jugeant en conséquence que le poste qu’il occupait n’était pas propice pour accepter la bataille, il fit lever le camp et s’éloigna dans une direction tandis que les aventuriers s’échappaient dans une autre.

Curumilla, demeuré à l’arrière-garde, avertit ses amis de ce qui se passait.

Ceux-ci revinrent alors sur leurs pas et suivirent de loin l’armée indienne, en ayant soin cependant de se tenir hors de sa vue.

Dès qu’ils eurent établi leurs bivouacs de nuit, Valentin demanda à Joan par quel concours de circonstances extraordinaires ils s’étaient trouvés appelés à lui rendre un service aussi signalé.

Celui-ci les mit au courant des événements qui s’étaient passés depuis qu’il les avait quittés pour se rendre à Valdivia auprès de don Tadeo.

Au point du jour, muni d’une lettre de Louis pour le Roi des Ténèbres, il quitta ses amis afin de rejoindre le plus tôt possible l’armée chilienne, et de faire part à don Tadeo des nouvelles que celui-ci attendait pour combiner ses mouvements avec ceux du général Fuentès.