Page:Aimard - Le forestier.djvu/192

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
187
Le Forestier

Lorsque toute la flotte fut réunie, il voulut la passer en revue.

Les officiers regagnèrent aussitôt leurs bords, et les équipages furent mis au complet.

L’armée était forte de huit mille cinq cents hommes, au lieu de sept mille sur lesquels on avait compté, ce qui augmentait les troupes de débarquement de quinze cents hommes, car le chiffre établi d’abord par Montbarts pour demeurer à bord des navires fut maintenu.

Chaque enrôlé était astreint à se fournir de ses armes et de deux livres de poudre et de battes, et en sus de vivres pour huit jours.

Ceci était de règle a bord de tous les bâtiments flibustiers. Cette toi avait le grand avantage, surtout dans une expédition comme celle qui se préparait, de diminuer considérablement tes dépenses.

La revue que voulait passer Montbarts était donc celle des armes, des munitions et des vivres ; quant aux navires eux-mêmes, il les connaissait de longue date et savait qu’ils étaient bien gréés et parfaitement en état de faire un excellent service a la mer.

La revue eut lieu ; elle fut minutieuse, taquine et sévère au plus haut degré, et cependant Montbarts redescendit à terre le cœur plein de joie ; il n’avait pas eu un reproche a adresser, une réprimande à faire.

S’il connaissait les boucaniers, ceux-ci le connaissaient bien aussi, ils savaient combien il était sévère pour toutes ces choses de détail futiles en apparence et dont, cependant, dépend si souvent le succès d’une expédition aussi s’étaient-ils mis en mesure de le satisfaire sur tous les points.

Le 18 mars, le conseil suprême fut convoqué par l’amiral à t’hôtel du gouvernement.

Le moment d’appareiller était arrivé ; tout était prêt, il ne fallait pas perdre de temps sur rade, surtout avec des équipages qui, ayant devant les yeux la terre qu’ils aimaient, éprouvaient à chaque instant, malgré eux, des velléités d’indépendance, et qui ne seraient réellement disciplinés que lorsqu’ils auraient quelques jours de mer.

De plus, l’amiral voûtait soumettre au conseil le plan de l’expédition, plan qu’il désirait discuter avec ses officiers, avant de le mettre définitivement a exécution.

À midi précis une salve de vingt et un coups de canon, tirée par le fort, annonça l’ouverture du conseil.

La flotte répondit par une décharge générale de toutes ses pièces.

Rien ne saurait rendre l’effroyable fracas produit par ces quinze cents canons tonnant tous ensemble.