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Le Forestier, par Gustave Aimard


III

Comment le malheur entre dans une maison


Dans les montagnes, les orages, à cause même de leur intensité, sont en général de courte durée.

Les éléments bouleversés épuisent en quelques heures leur rage folle, puis ils reprennent rapidement leur équilibre si brusquement rompu.

Le lendemain, le soleil se leva radieux ; l’air était calme, le ciel pur ; la brise matinale frémissait à travers tes branches portées de rosée et embaumait l’atmosphère de toutes les âcres senteurs qui s’exhalent de la terre après la tempête.

Au point du jour, le forestier, déjà debout depuis longtemps, parut sur le seuil de la chaumière ; après avoir jeté un coup d’œil satisfait autour de lui, il se dirigea vers le chenil dans l’intention sans doute de donner la liberté à ses chiens, qui, le sentant venir, le saluaient à qui mieux mieux à leur façon, en aboyant à pleine gueule.

Au même instant une fenêtre s’ouvrit, le forestier se retourna, et il aperçut l’étranger qui le saluait d’un sourire amical.

— Déjà debout ? dit gaiement No Santiago.

— Comme vous voyez, mon hôte, répondit l’étranger sur le même ton, et qui plus est complètement vêtu.

— Auriez-vous mal dormi ?

— Moi ? je n’ai fait qu’un somme jusqu’au matin.

— Bon ! Et comment vous trouvez-vous ?

— Je ne me suis jamais si bien porté.

— Tant mieux

— Est-ce que vous sortez ?

— C’est mon intention, oui, pourquoi ?

— C’est que je désirerais causer un peu avec vous.

— Bon. Qui vous en empêche ; voulez-vous que je monte auprès de vous ?

(Liv. 5)