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Le Forestier

son cheval et se jeta dans ses bras en accablant de ces caresses filiales si douces au cœur des vieillards.

Puis le jeune homme offrit son bras au duc, et tous deux remontèrent doucement dans les appartements.


V

Le serment d’Annibal


Le jeune homme était pâle, ses sourcils se fronçaient malgré lui ; il semblait être sous le poids d’une grande douleur ou d’une vive émotion.

Le duc fit asseoir son petit-fils sur un coussin, à ses pieds, prit ses mains dans les siennes, et, après l’avoir attentivement considéré pendant deux ou trois minutes :

— Pauvre enfant, lui dit-il en lui mettant un baiser au front, vous souffrez beaucoup, n’est-ce pas ?

— Oh ! oui, mon père, répondit-il les yeux pleins de larmes.

— Voulez-vous me faire part de votre chagrin, mon enfant ?

— Je suis venu vous trouver exprès pour cela, mon père.

— Comment ! vous avez fait deux cents lieues…

— À franc-étrier, oui, mon père, pour tout vous dire.

— Mais… le roi ?

— Le roi ! fit-il avec amertume, le roi est un grand prince, mon père.

— Me resterez-vous longtemps, cette fois ?

— Vous même en déciderez.

— Ah ! alors, s’il en est ainsi je vous posséderai longtemps à Tormenar.

— Qui sait ? murmura-t-il d’un air pensif.

— C’est juste, peut-être que le roi votre père…

— Je n’ai plus d’autre père que vous, monsieur le duc.

— Ciel ! le roi serait-il mort ?

— Rassurez-vous, mon père ; la santé de Sa Majesté est parfaite.

— Alors, mon cher fils, ce que vous me dites me semble être une énigme dont je renonce à chercher le mot.