Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/98

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bien de lui laisser un jour ou deux de repos pour reprendre les forces nécessaires pour supporter les nouvelles fatigues qui l’attendent pendant le long voyage que nous allons entreprendre.

— Oui, vous avez raison ; ce voyage, qui pour nous ne serait rien, est énorme pour une jeune fille ; demeurons ici deux jours ; le campement est bon, la place bien choisie ; rien ne nous presse ; il vaut mieux agir avec prudence afin de ne pas avoir plus tard à regretter trop de précipitation qui pourrait être fatale à celle que nous désirons tant sauvegarder.

— Pendant le temps que nous passerons ici, nos chevaux reprendront du feu et de la vigueur, et nous profiterons de ce temps d’arrêt pour réunir des provisions.

— Bien parlé, frère ; c’est convenu : dans deux jours nous nous mettrons en route, et j’espère que Dieu nous fera la grâce de nous permettre d’atteindre sains et saufs le terme de notre voyage.

— Dieu ne nous faillira pas, frère, soyez-en sûr.

— Je le sais bien, répondit le Canadien avec cette foi naïve qui le caractérisait ; aussi vous me voyez bien heureux. Vous ne sauriez croire combien j’étais inquiet et quel service vous me rendez en ce moment.

— Ne parlons pas de cela, ne nous sommes-nous pas juré amitié ? Eh bien ! c’est à charge de revanche.

— Je l’entends bien comme cela ! C’est égal, merci encore une fois, mon cœur est si plein qu’il faut qu’il déborde ; mais maintenant que nous nous sommes bien entendus, allez vous reposer, mon ami, la nuit s’avance et vous devez avoir besoin de dormir.