Jouissant d’un grand crédit auprès de la population indienne civilisée, et fort respectés par elle, les moines abusent effrontément de cette auréole de sainteté qui les entoure pour rançonner à outrance ces pauvres gens sous les plus légers prétextes.
Du reste, le dévergondage et la démoralisation sont arrivés à un tel point dans ces malheureuses contrées vieilles et décrépites sans avoir été jeunes, que la conduite des moines, toute choquante qu’elle paraisse aux yeux d’un Européen, n’a rien que de fort ordinaire pour les gens qui les entourent et n’attire nullement l’attention sur eux.
Loin de nous la pensée de donner à supposer que parmi le clergé mexicain, et même parmi les moines si décriés, il ne se trouve pas des hommes dignes de l’habit qu’ils portent et convaincus de la sainteté de leur ministère ; il y en a, beaucoup même, nous en avons connu ; malheureusement ils forment une minorité tellement infime, qu’ils doivent être considérés comme l’exception.
Fray Antonio n’était sans doute ni meilleur ni plus mauvais que les autres moines dont il portait l’habit, mais malheureusement pour lui, depuis quelque temps la fatalité semblait s’être plu à s’acharner sur lui et à le mêler, malgré sa ferme volonté, à des événements, non-seulement en dehors de son caractère, mais encore de ses habitudes, et à l’entraîner dans une foule de tribulations plus désagréables les unes que les autres, qui commençaient à lui faire paraître bien amère cette vie que jusque-là il avait trouvée si douce.
L’atroce mystification dont John Davis avait