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LES FRANCS TIREURS

— Voudrait-il en faire le siége ?

— C’est, je crois, son intention, mais bien qu’il emmène avec lui près de douze cente bandits déterminés, je crois que ses ongles et ceux de ses compagnons ne seront pas assez durs pour entamer d’aussi solides murailles.

— Ceci est dans la main de Dieu, mon ami ; avez-vous terminé votre récit ?

— Bientôt.

— Bon, allez.

— Avant de me rendre la liberté, le Jaguar s’informa de vous et de doña Carméla, avec beaucoup d’intérêt ; puis il écrivit quelques mots sur un morceau de papier qu’il me remit, en me recommandant bien de vous le donner aussitôt que je vous aurais rejoint.

— Vive Dieu ! s’écria Tranquille avec agitation, et vous avez tant tardé à vous acquitter de cette commission !

— Ne fallait-il pas d’abord que je vous rendisse compte de ce qui m’était arrivé ? Mais il n’y a pas de temps de perdu, puisque voilà le papier.

En disant cela, Quoniam tira un papier de sa poche et le présenta à Tranquille, qui le lui arracha presque des mains.

Le nègre, persuadé qu’il s’était fort bien acquitté de sa commission, ne comprit rien à cette impatience du chasseur ; il le considéra un instant d’un air étonné, puis il haussa imperceptiblement les épaules, bourra sa pipe et se mit à fumer sans plus s’occuper de ce qui se passait autour de lui.

Le chasseur avait vivement déployé le papier ; il le tournait et retournait d’un air embarrassé dans