Vienne le démon en personne maintenant, je me sens capable de lui tenir tête.
— Ah ! ah ! fit Tranquille, il paraît, bon père, que vous voilà complètement remis en possession de vos facultés intellectuelles.
— Oui, et je vous en donnerai la preuve quand vous voudrez.
— Pardieu ! vous me piquez au jeu ; je n’osais pas vous interroger encore, mais, puisqu’il en est ainsi, je n’hésiterai pas davantage.
— Que désirez-vous savoir ?
— Une chose bien simple : comment il se fait qu’un moine se trouve seul à pareille heure en plein désert ?
— Bah ! fit gaîment fray Antonio, qui vous a dit que j’étais seul ?
— Personne, mais je le suppose.
— Ne faites pas de supposition, frère, car vous vous tromperiez.
— Ah !
— Oui, c’est comme j’ai l’honneur de vous le dire.
— Cependant, lorsque je vous ai rencontré, vous étiez seul.
— Parfaitement.
— Eh bien ?
— Les autres étaient plus loin, voilà tout.
— Quels autres ?
— Ceux qui m’accompagnent.
— Ah ! et qui sont-ils ?
— Voilà !… Bah ! ajouta-t-il au bout d’un instant, comme s’il se fût parlé à lui-même, on fait courir sur moi les bruits les plus désavantageux, on m’ac-