exploitation, placée sur la limite du désert, et à cheval pour ainsi dire sur la civilisation et la barbarie, était trop exposée aux attaques imprévues des Peaux-Rouges et des bandits de toutes sortes qui pullulent sur les frontières, pour que son propriétaire ne veillât pas avec le plus grand soin à la tenir en bon état de défense. Cette sage prévoyance était en ce moment d’une grande utilité pour le siége que probablement on aurait avant peu à soutenir.
Le colonel ne trouva que fort peu à modifier aux dispositions prises par le mayordomo ; il se contenta de faire abattre plusieurs bouquets d’arbres qui, placés trop près de l’hacienda, pouvaient abriter des tirailleurs et déranger la justesse du tir du canon.
À chaque entrée de la forteresse on éleva, par son ordre, des barricades composées de pieux enchevêtrés les uns dans les autres, et, au dehors des murs, on requit les bras de tous les hommes valides, afin de creuser un fossé large et profond, dont la terre, rejetée du côté de l’hacienda, forma un épaulement derrière lequel on embusqua les plus adroits tireurs de la garnison. Les deux pièces de campagne amenées par le colonel demeurèrent attelées de façon à pouvoir être transportées où le besoin l’exigerait.
Puis le drapeau mexicain fut fièrement arboré sur le sommet de l’hacienda.
En comptant les domestiques del Mezquite auxquels don Félix avait distribué des armes, la garnison se montait à près de quatre cents hommes, forces suffisantes pour résister à un coup de main surtout dans une position aussi bonne ; les vivres et les munitions ne manquaient pas ; les Mexicains étaient animés du meilleur esprit : le colonel se crut