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LES FRANCS TIREURS

sans avoir jamais été mises à même d’apprécier la chose.

Le Texas, à l’époque où il revendiquait, par une lutte de dix ans, si obstinément son indépendance, comptait à peine sur tout son territoire une population de six cent mille habitants, chiffre bien faible et bien modeste, comparé aux sept millions d’individus de la confédération mexicaine.

Seulement, ainsi que nous l’avons fait observer dans un précédent chapitre, la population texienne se composait en grande partie d’Américains du Nord, hommes énergiques, entreprenants, d’une bravoure à toute épreuve et qui, aigris par les longues vexations que le gouvernement fédéral s’obstinait par jalousie et étroitesse de vues à faire peser sur eux, avaient juré, pour se garantir la possession de leurs propriétés et la sûreté de leurs personnes, d’être libres à tout prix et d’en appeler à cette ultima ratio, les armes.

Depuis dix ans la lutte était engagée ; sourde et timide d’abord, elle avait peu à peu grandi, tenant constamment en échec la puissance mexicaine, et était enfin arrivée à cette dernière et sublime période de la lutte où il fallait vaincre ou mourir !

La surprise de la conducta, si adroitement amenée par le Jaguar, avait été l’étincelle électrique qui devait définitivement galvaniser le pays et le faire se lever tout entier pour ce dernier et suprême combat de Spartiates.

Les chefs indépendants qui guerroyaient sur toutes les frontières, à la nouvelle imprévue du succès décisif obtenu par le Jaguar, avaient rassemblé leurs cuadrillas, et comme d’un commun accord, par