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LES FRANCS TIREURS.

lorsque l’armée texienne apparut aux pieds de ses murailles.

Ce contre-temps chagrina beaucoup le Jaguar, mais ne le découragea pas. Il comprit que c’était un siége à faire et il s’y prépara bravement.

Le général improvisé profita des ténèbres de la nuit pour tracer ses lignes de circonvallation et faire les épaulements indispensables pour abriter ses soldats, dont il voulait autant que possible dissimuler le nombre à l’ennemi.

Les Américains remuent la terre avec une célérité inimaginable. La nuit suffit pour terminer les travaux préparatoires et faire les épaulements et les parapets. Les Mexicains ne donnèrent pas signe de vie et laissèrent les insurgés s’établir paisiblement dans leurs lignes ; au lever du soleil, tout était fait.

C’était un spectacle étrange que celui qu’offrait cette poignée d’hommes qui, sans artillerie et sans matériel de siége d’aucune espèce, traçaient résolument des lignes autour d’une forteresse solidement construite, admirablement placée pour la résistance et défendue par une garnison nombreuse et résolue à ne pas se rendre.

Mais ce qui, dans cette héroïque folie, frappait d’admiration et presque de stupeur, c’était la conviction qu’avaient ces hommes qu’ils finiraient par s’emparer de la place ; cette persuasion, en doublant les forces des insurgés, les rendait susceptibles d’accomplir les plus grandes choses.

Arrivés après le coucher du soleil, lorsque la nuit était déjà sombre, les Texiens n’avaient pu qu’imparfaitement se rendre compte de l’état de défense