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Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/195

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LES FRANCS TIREURS.

— Je n’ai plus qu’à me retirer, dit-il.

— Un instant, fit vivement le colonel, vous m’avez expliqué vos conditions, maintenant à votre tour d’entendre les miennes.

— Quelles conditions pouvez-vous avoir à nous faire, puisque vous refusez de vous rendre ?

— Vous allez le savoir.

— J’écoute.

Le colonel promena autour de lui un regard assuré, puis, croisant les bras sur la poitrine et rejetant le buste en arrière d’un air de souverain mépris pour ceux auxquels il allait s’adresser, il prit la parole d’une voix railleuse et saccadée.

— Moi, dit-il, don Juan Melendez de Gongora, colonel au service de la république mexicaine, gouverneur de l’hacienda del Mezquite, considérant que la plupart des individus rassemblés en ce moment au pied de mes murailles sont de pauvres ignorants que le mauvais exemple et de mauvais conseils ont entraînés dans la révolte qu’ils détestent au fond du cœur, sachant bien que toujours le gouvernement mexicain a été pour eux bon, juste et paternel ; considérant, en outre, que peut-être la crainte du sévère châtiment qu’ils ont mérité par leur conduite coupable, les retient, malgré leur désir et leur volonté, dans les rangs des rebelles ; usant des prérogatives que me donnent mon titre de gouverneur d’une place de premier ordre, et ma qualité d’officier supérieur de l’armée mexicaine, je leur promets, s’ils mettent immédiatement bas les armes et, comme preuve d’un sincère repentir, me livrent les chefs qui les ont trompés et entraînée à la révolte, je leur promets, dis-je, un pardon complet et l’oubli