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LES FRANCS TIREURS.

Tranquille ne s’était arrêté que pour bien faire comprendre à ses compagnons le danger imminent qu’ils couraient et les engager à redoubler de prudence, car à la moindre faiblesse ils étaient perdus.

On se remit en marche.

Ils avancèrent ainsi une centaine de pas, la moitié à peu près de la distance qui les séparait du Mezquite, lorsque tout à coup, au moment où Tranquille étendait les bras en avant pour s’abriter derrière une butte de sable, plusieurs hommes qui rampaient en sens inverse se trouvèrent face à face avec lui.

Il y eut une seconde d’anxiété terrible.

— Qui vive ? dit une voix basse et menaçante.

— Oh ! fit-il, nous sommes sauvés ! C’est moi, Tranquille le tigrero.

— Quels sont les gens qui sont avec toi ?

— Des coureurs des bois, dont je réponds.

— C’est bien, passez.

Les deux troupes se séparèrent et s’éloignèrent l’une de l’autre en rampant dans deux directions différentes.

La troupe avec laquelle les chasseurs avaient échangé quelques mots était commandée par don Félix Paz qui, plus vigilant que les Texiens, faisait une ronde sur les glacis de la place afin de s’assurer que tout était calme et qu’aucune surprise n’était à redouter.

Ce fut fort heureux pour Tranquille et ses compagnons, que le Jaguar, pour faire honneur au Renard-Bleu, eût confié cette nuit-là la garde du camp à ses guerriers et que sur la foi des Peaux-Rouges les Texiens se fussent livrés au repos avec cette in-