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LES FRANCS TIREURS

qu’elles fussent habillées en homme, je les ai reconnues d’autant plus facilement que depuis longtemps déjà je les surveillais.

— Ah ? fit le Jaguar d’un air pensif, connaissez-vous quelqu’un de ces chasseurs ?

— Un seul, qui est, je crois, le tigrero de cette hacienda.

— Tranquille ! s’écria le Jaguar avec une expression impossible à rendre.

— Oui.

— Alors l’une de ces deux femmes est sa fille Carméla ?

— Probablement.

— Ainsi elle se trouve maintenant au Mezquite ?

— Oui

— Oh ! s’écria-t-il avec explosion, il faut à tout prix que je m’empare de cette hacienda maudite,

— C’est justement ce que je viens vous proposer, dit paisiblement le Scalpeur.

Le jeune homme fit un pas en avant.

— Hein ! reprit-il, que dites-vous ?

— Je dis, répondit du même ton le vieillard, que je viens vous proposer de vous emparer de l’hacienda.

— Vous ?

— Moi.

— C’est impossible.

— Pourquoi donc ?

Parce que, reprit le Jaguar avec agitation, l’hacienda est bien fortifiée ; elle est défendue par une garnison nombreuse et brave, commandée par an des meilleurs officiers de l’armée mexicaine, et, depuis dix-sept jours que j’ai investi ces murailles