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LES FRANCS TIREURS

secours en vivres ou en hommes, soit pour évacuer la place, si elle est serrée de trop près.

— Oh ! s’écria le Jaguar en se frappant le front, l’hacienda posséderait-elle une de ces sorties ?

— Patience, laissez-moi continuer.

— Mais, reprit le jeune homme, regardez : voilà le plan détaillé du Mezquite fait par un homme dont la famille l’habite de père en fils depuis trois générations, et rien de pareil n’y est marqué.

Le vieillard jeta un regard indifférent sur le plan que lui montrait le jeune homme.

— Parce que, reprit-il, ce secret n’est ordinairement connu que par le propriétaire seul de l’hacienda, mais laissez-moi finir.

— Parlez ! parlez !

— Ces sorties, si utiles à l’époque de la conquête, finirent avec le temps, et grâce à la longue paix qui régna dans le pays, par être complètement négligées ; puis, peu à peu, comme elles ne servaient plus à rien, le souvenir s’en perdit totalement, et je suis convaincu que la plupart des hacienderos, aujourd’hui, ignorent l’existence de ces portes secrètes dans leurs habitations ; le propriétaire du Mezquite est du nombre.

— Qu’en savez-vous ? peut-être la porte est-elle bouchée ou du moins défendue par un fort détachement.

Le vieillard sourit.

— Non, dit-il, la porte n’est pas bouchée, nul détachement ne la garde.

— Vous en êtes certain ?

— Ne vous ai-je pas dit que depuis quelques jours je rôde aux environs ?