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LES FRANCS TIREURS

Le Scalpeur-Blanc, reculant pas à pas devant la nuée d’ennemis qui le cernaient, ne répondait pas une parole aux insultes qu’on lui prodiguait ; il riait d’un rire nerveux et saccadé ; lorsqu’un assaillant s’approchait trop de lui, il levait sa terrible massue et l’imprudent roulait le crâne fracassé sur le sol.

Les chasseurs et les deux jeunes gens, reconnaissant l’impossibilité de frapper cet homme sans courir le risque de blesser celle qu’ils voulaient sauver, se contentèrent de rétrécir peu à peu le cercle autour de lui afin de l’acculer dans un angle de la cour où il leur serait possible de s’emparer de lui.

Mais le féroce vieillard déjoua leurs calculs ; soudain il bondit en avant, renversa ceux qui s’opposaient à son passage et escalada avec une rapidité vertigineuse les degrés de la plate-forme.

Arrivé là, il se retourna une dernière fois vers ses ennemis atterrés, poussa un éclat de rire strident et s’élança par-dessus les remparts dans la rivière, emportant avec lui la jeune fille qu’il n’avait pas lâchée.

Lorsque les témoins de cet acte inouï de démence, revenus de la stupeur qu’il leur avait causée, s’élancèrent sur la plate-forme, ce fut vainement que leurs regards anxieux interrogèrent la rivière ; les eaux avaient repris leur limpidité habituelle.

Le Scalpeur-Blanc avait disparu avec la malheureuse victime dont il s’était si audacieusement emparé !

C’était afin d’accomplir ce rapt inouï qu’il avait livré à l’armée texienne l’hacienda del Mezquite.

Quel motif avait poussé cet homme étrange à cet acte inqualifiable ?