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LES FRANCS TIREURS

San Luis qui ferme presque l’embouchure du Rio-Trinidad.

Alors les maisons étaient basses, pour la plupart construites en bois, entourées de jardins plantés d’arbres odorants qui imprégnaient l’atmosphère de délicieuses senteurs.

Malheureusement il est une chose que rien ne peut changer, c’est le climat et la nature du sol.

La chaleur suffocante qui règne presque continuellement dans la ville, corrode la terre et la change en une impalpable poussière dans laquelle on enfonce jusqu’aux genoux, et qui au moindre souffle d’air, pénètre par les yeux, la bouche et les narines ; des millions de maringoins, dont les piqûres sont extrêmement douloureuses, et surtout la mauvaise qualité de l’eau que les habitants recueillent à grande peine dans des réservoirs de planches, lors de la saison des pluies, et que le soleil chauffe à outrance ; ces divers inconvénients fort graves, surtout pour les Européens, rendent le séjour de Galveston insupportable et des plus dangereux.

Les Texiens eux-mêmes redoutent tellement l’influence mortelle de ce climat, que pendant les chaleurs torrides de l’été, les gens riches émigrent en masse sur la terre ferme si bien que la ville devenue presque subitement déserte par cet abandon momentané, prend un aspect de morne désolation qui fait peine à voir.

Vers les quatre heures du soir, à l’instant où la brise de mer en se levant commençait à rafraîchir l’atmosphère, une légère pirogue indienne, faite en écorce de bouleau, se détacha de la terre ferme, et poussée vigoureusement par deux hommes armés de