Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/27

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esprit les raisons de cette confidence, ce qui faisait que la plupart des paroles prononcées par le chef frappaient son oreille, mais sans produire autre chose qu’un vain son, dont le sens n’arrivait pas jusqu’à son esprit ; mais l’accent péremptoire avec lequel le Renard-Bleu lui adressa sa dernière question le réveilla pour ainsi dire brutalement, et, en le rappelant au sentiment de sa position présente, lui fit comprendre le danger de paraître ne pas s’intéresser à ce qu’on lui disait.

— Pardonnez-moi, chef, répondit-il vivement, je vous comprends parfaitement au contraire ; mais je suis sujet à certaines absences complétement indépendantes de ma volonté dont je vous prie de ne pas vous formaliser, car je vous certifie qu’il n’y a nullement de ma faute.

— Bon, mon père est comme tous les chefs de la prière des Visages-Pâles, ses idées sont continuellement tournées vers le Wacondah.

— C’est cela, chef ! s’écria le moine heureux de la façon dont son excuse était admise, continuez, je vous prie, votre récit ; maintenant c’est fini, je suis tout oreilles.

— Ooah ! mon père parcourt continuellement les prairies des Visages-Pâles.

— En effet, les devoirs de mon ministère m’obligent à…

Le Renard-Bleu l’interrompit vivement.

— Mon père connaît les chasseurs pâles de ces prairies.

— À peu près tous.

— Très-bon ; un de ces chasseurs est l’ami tant regretté par le Renard-Bleu.