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LES FRANCS TIREURS.

j’aurais dû m’y attendre, plus que jamais je reste, ajoute-t-il avec une inflexion singulière dans sa voix.

— Soit, fit le chef, demeurez.

Il frappa dans ses mains. Quatre peones entrèrent avec des candélabres allumés.

Dès que le salon fut éclairé, le jeune officier aperçut le général et ses aides de camp debout dans le souterrain.

— Maintenant, dit en souriant le Jaguar, peu m’importe que vous connaissiez les secrets de ma demeure ; quand vous reviendrez, je l’aurai quittée pour toujours.

Un criado avait appuyé une échelle sur le bord de la trappe, les Mexicains montèrent alors à demi satisfaits, à demi honteux.

— Messieurs, continua l’insurgé, vous êtes libres. Tout autre à ma place aurait sans doute profité de la mauvaise position dans laquelle vous vous trouviez, pour vous imposer des conditions autrement dures que celles que j’ai exigées de vous ; moi je ne comprends que la lutte franche, fer contre fer, poitrine contre poitrine. Allez en paix, mais prenez garde, car les hostilités sont commencées entre nous et la guerre sera rude.

— Un mot avant de nous quitter, dit le général.

— Je vous écoute, caballero.

— Quelles que soient les circonstances où nous nous trouvions plus tard placés vis-à-vis l’un de l’autre, je n’oublierai pas votre conduite d’aujourd’hui.

— Je vous dispense de toute reconnaissance à cet égard, général, d’autant plus que si j’ai agi ainsi