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Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/348

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LES FRANCS TIREURS

avait été exécuté avec un si grand sang-froid et une si grande habileté, tout avait été si bien prévu, que, malgré lui, après avoir jeté un regard désolé sur le pont de son navire, le vieux marin fut contraint de convenir qu’il ne lui restait plus qu’une chance de salut : mettre bas les armes.

Cependant il hésita.

El Alferez comprit le combat qui se livrait dans le cœur du brave officier.

— Nous ne sommes pas des pirates, dit-il, commandant Rodriguez ; nous sommes des Texiens : vous pouvez sans honte nous rendre vos armes, non pas pour sauver votre vie à laquelle l’échec que vous subissez en ce moment vous fait attacher peu de prix, et que vous sacrifieriez sans doute avec joie pour venger la honte de votre défaite, mais vous répondez devant Dieu des deux cent cinquante hommes de votre équipage. À quoi bon verser inutilement un sang précieux ? Pour la dernière fois, rendez-vous, je vous y invite.

En ce moment, une ombre épaisse couvrit le pont du navire.

Le brick, que chacun avait oublié, avait continué à s’avancer ; il était arrivé à portée de pistolet, et sa haute voilure s’étendait comme un rideau sur le bâtiment qu’il élongeait en lui interceptant les rayons du soleil.

— Ho du navire ! ohé ! cria une voix partie de l’arrière du croiseur, envoyez une embarcation à bord avec le capitaine dedans.

Cette voix résonna comme un coup de tonnerre aux oreilles des Mexicains.