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Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/366

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LES FRANCS TIREURS

— Hein ?

— Parbleu ! votre âme m’appartient depuis longtemps déjà, et je n’ai pas besoin de votre autorisation pour la prendre.

— Ah bah ! fit le digne pirate tout interloqué, vous croyez que Notre Seigneur n’y regardera pas à deux fois avant de damner un homme de ma sorte ?

— Pas le moins du monde, continua le diable avec bonhomie ; ainsi, rassurez-vous, ce n’est pas cela que je veux vous demander.

— Parlez alors, et foi de gentilhomme aventurier, je vous l’accorde.

— Tope ! fit Satan en avançant gracieusement la main.

— Tope ! reprit le pirate.

— Voilà qui est fait. Eh bien ! vous m’abandonnerez en toute propriété la première créature vivante à laquelle vous adresserez la parole demain en vous éveillant. Vous voyez que je ne suis pas exigeant, hein ; car j’aurais pu vous demander beaucoup plus cher.

Le comte Étienne fit la grimace : la première personne à laquelle il parlait chaque matin était sa fille.

— Vous hésitez ? dit le diable de son air moitié figue moitié raisin.

Le pirate poussa un soupir. La condition lui semblait dure ! cependant il finit par se décider.

— Ma foi non, dit-il, va comme il est dit.

— Très-bien ! Maintenant laissez-moi faire.

— À votre aise, répondit le pirate, et il se prépara à redescendre ; mais, se ravisant tout à