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LES FRANCS TIREURS

— Tintorera ! dit une troisième voix avec un accent d’angoisse indicible.

Trois tintoreras cernaient les nageurs et rétrécissaient de minute en minute le cercle dans lequel elles les enlaçaient.

Le danger était sérieux.

— En avant, compagnons ! dit le Jaguar, de sa voix calme et sympathique ; nagez doucement et sans bruit ; vous savez que ces monstres sont presque aveugles et plus qu’à moitié sourds : ils ne nous ont pas vus. John Davis ! ajouta-t-il.

— Me voilà ! répondit l’Américain.

— Où êtes-vous ?

— Je suis l’avant-dernier à droite.

— Bien. À vous la seconde tintorera, je me charge de la première, Lanzi !

— Lanzi vient de disparaître, répondit une voix.

— Malédiction ! dit le Jaguar. Serait-il mort ? Qui attaquera la troisième tintorera ?

— Ne vous en occupez pas, Jaguar, répondit la voix bien connue du métis : je suis après elle.

— Bien ! Nagez compagnons, et laissez-nous nous mesurer avec ces monstres.

Les conjurés continuèrent de s’avancer silencieusement. Seulement, ils redoublèrent d’efforts.

Le Jaguar, plongea immédiatement et se dirigea vers le requin. Celui-ci allait entre deux eaux à une médiocre profondeur. Bientôt le chef et le monstre, se trouvèrent tellement rapprochés l’un de l’autre, que les nageoires brunâtres de la tintorera effleurèrent l’épaule du hardi Texien, qui vit l’œil vitreux du squale, cet œil à demi-recouvert d’une