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LES FRANCS TIREURS.

À l’extrémité du corridor, le Jaguar aperçut une ombre immobile, appuyée contre le mur. Sur l’ordre du chef, le métis se glissa comme un serpent du côté de cette ombre, qui n’était rien moins qu’une sentinelle qui, son fusil placé auprès d’elle, dormait paisiblement ; et, arrivé à portée par un bond de panthère, le métis sauta à la gorge du dormeur qu’il renversa sans lui donner le temps de pousser un cri.

Le pauvre diable fut garrotté et bâillonné avant d’être assez éveillé pour comprendre ce qui lui arrivait.

Ce factionnaire était posé à l’entrée d’un corps-de-garde, dans lequel dormaient une quinzaine de soldats.

Le poste fut enlevé, sans coup férir, par les insurgés, qui garrottèrent les soldats et s’emparèrent de leurs armes.

L’expédition marchait bien : déjà une partie de la garnison était surprise, les insurgés étaient presque maîtres du fort.

Malheureusement, pendant que se passait dans le corps-de-garde la scène que nous avons rapportée, le factionnaire du corridor, que l’on avait négligé, était parvenu à se débarrasser de ses liens et avait donné l’alarme.

La position devenait grave.

— Allons, dit paisiblement le Jaguar, il parait qu’il nous va falloir livrer bataille. Maintenant plusieurs d’entre vous sont armés ; compagnons, souvenez-vous de mes recommandations : pas de quartier !