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LES FRANCS TIREURS

puis il expédia quelques hommes à la crique d’où était partie l’expédition, pour en rapporter les habits et les armes que les conjurés y avaient laissés.

Pendant tous les travaux nécessités par une nouvelle installation et la reconnaissance exacte de l’importante forteresse dont les Texiens avaient réussi à s’emparer, le jour avait fini de paraître et le soleil s’était levé.

Le Jaguar, après avoir pris toutes les précautions nécessaires pour éviter d’être surpris à son tour, saisit une longue-vue, et il monta sur la plate-forme du château.

De ce lieu, la vue planait sur un immense terrain, et un splendide panorama se déroulait au regard. D’un côté, les campagnes texiennes si accidentées que de hautes montagnes fermaient à l’horizon ; de l’autre, la mer avec sa grandiose et mystérieuse immensité.

Le Jaguar, après avoir mis sa lunette au point, la promena un instant d’un air assez indifférent sur la ville de Galveston d’abord, qui commençait à s’éveiller et dont les rues se peuplaient peu à peu, puis sur la terre ferme et l’entrée du Rio-Trinidad encore plongé dans une morne solitude.

Se retournant ensuite, il braqua sa lunette sur la mer et examina attentivement l’horizon.

Lanzi, nonchalamment assis sur un affût de canon, confectionnait une cigarette en paille de maïs avec toute la sérieuse attention qu’il apportait d’ordinaire à cette importante opération

— Lanzi ! dit tout-à-coup le Jaguar en se retournant vers lui.