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LES FRANCS TIREURS.

— Par une raison bien simple, c’est que le lendemain de la prise de l’hacienda del Mezquite, le Cœur-Loyal nous a quittés pour retourner dans sa tribu où l’appelaient de graves intérêts.

— Voilà qui est fâcheux, fit le colonel d’un air rêveur. Je ne sais pour quelle raison, mais je suis convaincu que ce chasseur, que cependant je connais fort imparfaitement, puisque j’ai causé une fois seulement avec lui et cela pendant dix minutes au plus, je suis convaincu, dis-je, que ce chasseur peut nous être extrêmement utile dans la recherche de l’infortunée Carméla.

— Peut-être avez vous raison, colonel. Cette nuit, ainsi que je vous l’ai annoncé, je dois voir Tranquille ; j’aurai avec lui une explication sérieuse. Autant, et plus que nous peut-être, il est intéressé au succès de nos recherches. C’est un homme d’une prudence extrême ; il connaît à fond le désert. Je verrai ce qu’il me dira.

— Insistez, je vous prie, mon ami, pour établir des rapports sérieux avec le Cœur-Loyal.

— Je n’y manquerai pas ; d’ailleurs Tranquille doit avoir rendez-vous avec lui.

— C’est probable. Du reste, je puis maintenant vous parler à cœur ouvert, mon ami. L’honneur seul m’a jusqu’à présent retenu à mon poste ; j’aspire à recouvrer ma liberté, je n’attends pour donner ma démission qu’une occasion honorable. Je ne voudrais pas abandonner mes compagnons d’armes dans un moment critique, mais je vous jure sur l’honneur, ami, que le jour où je serai libre, et ce jour est prochain je l’espère, je me joindrai à vous, et alors nous retrouverons Carméla, ou je périrai !