Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/422

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
414
LES FRANCS TIREURS

Cet homme était Tranquille, le tueur de tigres, le vieux chasseur canadien.

— Eh bien ? dit le chasseur.

— Ils sont partis, grâce à Dieu, répondit le capitaine en s’asseyant.

— Ainsi, nous voilà libres ?

— Parfaitement.

— Quand descendrons-nous ?

— Cette nuit même. Mais vos renseignements sont-ils positifs ?

— Je les crois tels.

— Enfin, nous saurons bientôt à quoi nous en tenir !

— Dieu veuille que nous réussissions !

— Espérez. Croyez-vous la côte gardée ?

— Je le crains, votre navire doit avoir été signalé sur toute la côte.

— Savez-vous si les Mexicains, outre la corvette dont nous nous sommes emparés, ont d’autres navires en observation sur les attérissages ?

— Je crois qu’ils en ont trois encore, mais plus faibles que la Libertad.

— Diable ! il faudra agir avec prudence alors ; enfin, à la grâce de Dieu ! Quoi qu’il arrive, je n’abandonnerai pas un vieil ami comme vous dans le malheur. Nous avons encore trois heures devant nous, tâchez de dormir un peu, car la besogne sera probablement rude.

Tranquille sourit à cette recommandation ; mais pour complaire à son ami qui déjà s’était étendu sur son cadre dans la position d’un homme qui se prépare à dormir, il s’enveloppa dans son zarapé, s’appuya sur le dossier de son siége et ferma les yeux.