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LES FRANCS TIREURS

gue-vue de nuit, il examina attentivement les gisements de la côte.

Puis, après deux ou trois minutes, il repoussa les verres de la lunette avec la paume de la main, et ordonna de nager.

Tout à coup la quille de la péniche grinça sur le sable.

On était arrivé à terre.

Après avoir, d’un coup d’œil rapide, exploré les environs, l’équipage sauta sur la rive, ne laissant qu’un homme à la garde de la chaloupe qui poussa immédiatement au large afin de ne pas être capturée par l’ennemi.

Tout était calme, et un silence solennel régnait sur cette côte qui, en apparence, semblait déserte.

Le capitaine s’étant assuré que, provisoirement du moins, il n’avait rien à craindre, fit cacher ses hommes derrière les rochers de la plage, et s’adressant à Tranquille :

— Maintenant, c’est affaire à vous, vieux chasseur, lui dit-il.

— Bien ! répondit celui-ci sans ajouter d’autre parole.

Il quitta son abri et s’avança à la découverte, un pistolet d’une main et une hache de l’autre, s’arrêtant par intervalles pour regarder autour de lui et prêter l’oreille à ces mille bruits sans cause connue qui, la nuit, troublent le silence sans qu’on puisse deviner d’où ils viennent ni ce qui les produit.

Parvenu à cent mètres environ de l’endroit où le débarquement s’était effectué, le chasseur s’arrêta et commença à siffler doucement les premières me-