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LES FRANCS TIREURS

la troupe, qui s’engagea sur ses pas dans un chemin creux, profondément encaissé entre deux collines, où elle ne tarda pas à disparaître.

Pendant que les incidents que nous venons de rapporter se passaient sur le rivage, deux personnes, un homme et une femme, réunis dans un salon modestement bien que confortablement meublé, avaient entre elles une conversation qui, à l’expression enflammée de leur visage, paraissait être des plus orageuses.

Ces deux personnes étaient Carméla et le Scalpeur-Blanc.

Carméla était à demi couchée sur un hamac ; elle était pâle, souffrante ; ses traits étaient fatigués ; ses yeux rougis montraient qu’elle avait pleuré.

Le Scalpeur-Blanc, revêtu d’un magnifique costume de campesino mexicain, marchait à grands pas en mordillant sa moustache grise et en faisant résonner avec colère sur le parquet ses lourds éperons d’argent.

— Prenez garde, Carméla ! dit-il en s’arrêtant tout à coup devant la jeune femme : vous savez que je brise qui me résiste ; pour la dernière fois, je vous le demande, voulez-vous, oui ou non, me dire la raison de ces refus continuels ?

— À quoi bon vous le dire ? répondit-elle d’une voix triste, vous ne me comprendriez pas.

— Oh ! cette femme me rendra fou ! s’écria-t-il en serrant les poings.

— Qu’ai-je donc fait encore ? dit Carméla avec un étonnement ironique.

— Rien, rien, murmura-t-il en reprenant sa marche précipitée. Puis, au bout d’un instant, revenant